jeudi 26 mai 2016

Parmena balteus, le Parmène à bande.


Voici un insecte qui a choisi de m’accompagner dans la cuisine lorsque j’ai cueilli des blettes dans le jardin. Nous sommes fin mars et les blettes sont bien développées. Je fais un premier tri dans le jardin, puis sur la table de la terrasse je vérifie feuille par feuille et les locataires indésirables : limaces, chenilles ou forficules sont priés de rester à l’extérieur. C’est pourquoi j’ai été très étonnée de trouver ce coléoptère sagement installé sur la table de la cuisine. 

Parmena balteus, au repos*
Je l’ai d’abord pris, d'un peu loin,  pour un de ces jeunes bourgeons de pin. Les antennes sagement allongées le long du corps, il ne ressemblait guère à un longicorne.
Parmena balteus,à la toise*

C’est bien un Cerambycidae de la famille des Lamiinae : Parmena balteus, ou Parmène à bande,  en relation avec la bande brun sombre qui parcourt le milieu de ses élytres.
Parmena balteus, des yeux très découpés comme tous les Cerambycidae*

C’est un grand timide, il me faudra le chatouiller pour qu’il déploie ses belles antennes. Un détail est à observer pour mener à l’identification : le scape est aussi long que le 4éme article des antennes( alors qu’il est plus grand pour une espèce voisine : Parmena pubescens).
Parmena balteus, une  face orthognate*

Les Laminae présente une face orthognathe, le front est vertical et présente un angle droit avec le vertex. 

Parmena balteus,  détail du pronotum: deux pointes latérales*

Le pronotum présente  deux petites excroissances latérales.
Les élytres  sont très convexes avec les épaules effacées et parsemées de gros points plus nombreux à la base.
Parmena balteus,une large bande brune sur les élytres*

La bande plus sombre qui les traverse est bordée de poils plus clairs. L’insecte est recouvert de poils courts couchés. Un des détails qui permet d’affirmer qu’il s’agit de Parmena balteus( et non unifasciata qui lui ressemble) est l’observation de l’apex des élytres : il est rebordé uniquement sur la partie externe (et non jusqu’à l’apex comme chez unifasciata).
Parmena balteus,apex des élytres rebordés latéralement seulement*

Ce détail est peu visible à l’œil nu mais la photo permet de le voir.
Parmena balteus, détail de l'apex des élytres rebordés latéralement *

L’insecte mesure de 5 à 8mm, se rencontre de juin à septembre ( mon visiteur est donc bien précoce).En France il est commun au bord de la Méditerranée.
On le rencontre au pied des euphorbes, des asphodèles, des hellébores, mais aussi dans les tiges mortes des cassis, du sureau, des figuiers,sur le lierre…..
La larve est polyphage.

Infos issues de :

*Photos grossies 3 fois

mardi 10 mai 2016

Poecilium alni , le Phymatode de l’aulne

Ma rencontre avec certains insectes se fait parfois de manière insolite.
Il m’arrive de sortir de mon jardin pour aller dans la garrigue alentour arpenter collines et relief calcaire afin d’y observer plantes et insectes.
C'est ainsi qu'à la mi-avril,  à mon retour d’une de ces sorties à 1000 mètres d’altitude, j’ai retiré mes affaires de la voiture et j’ai posé mon chapeau sur un fauteuil.
C’est alors que je l’ai vu !
Poecilium alni, Cerambycidae aux élytres bien reconnaissables.*

Un joli coléoptère aux couleurs pimpantes.
En voilà un qui avait fait un bout de voyage d’abord sur ma tête (sur le chapeau , car je l’aurai senti, il se tient bien agrippé à son support) et ensuite en voiture.

Qui était-il ?
Son allure générale m’oriente encore vers les Cerambycidae. C’est la saison où ils émergent et  apprécient les premières fleurs sur les arbustes.
Poecilium alni,  détail  des yeux échancrés et des antennes *

Les Cerambycidae sont caractérisés par:
  •         des antennes longues de 11 articles avec le premier plus épais que les autres et le second très court
  •         des yeux plus ou moins échancrés
  •          un pronotum cylindrique
  •          Des tarse de 5 articles mais le 4ème inséré dans les lobes du 3eme , donc souvent invisible

Poecilium alni, des élytres colorés en rouge et noir*

C’est ensuite le décor des élytres qui oriente la détermination : la base rousse avec deux bandes blanches sur fond noir. En observant les photos on voit que cette belle couleur blanche est le fait d’une série de poils longs implantés densément sur ces lignes. Comme l’insecte est tout récent il a gardé sa belle pilosité qu’il perd ensuite au fur et à mesure de ses déplacements sur la végétation.
Poecilium alni, des fémurs renflés aux extrémités*

Avec ce décor des élytres i n’y a pas de doute sur l’identité de mon voyageur !Poecilium alni mesure entre 4 et 7 mm.

Les aulnes sont rares sur le relief karstique que je fréquente mais  les larves vivent aux dépens des petites branches mortes ou en voie de de dessèchement  des chênes qui sont un peu plus nombreux dans le paysage. C’est d’ailleurs sous des chênes que j’ai bien scrutés que mon voyageur a sans doute trouvé mon chapeau !
Poecilium alni, un voyageur intrépide!*


On rencontre l’insecte au printemps d’avril à juin et dans quasi toute l’Europe.

Source des infos:Coléoptères phytophages d'Europe, Gaëtan du Chatenet , NAP éditions
*Photos agrandies 3 fois

dimanche 8 mai 2016

Catalogue sur Cistes!

En cette fin d’avril les cistes sont en fleurs dans la plaine des Maures (Var) !
Essentiellement des Cistes à feuilles de sauge (Cistus salviifolius) et des Cistes de Montpellier(Cistus monspeliensis).

Leurs fleurs blanches sont de magnifiques supports pour moi : les insectes qui s’y régalent se voient de loin et de plus le fond clair les met bien en valeur.

C’est ainsi que je vous présente ces nombreux visiteurs. Les uns se régalent de pollen comme cette petite abeille solitaire, une Andrena, me souffle un aimable visiteur, Merci à lui! indéterminée.

Andrena sp.

 Je n’ai pas photographiée les abeilles mellifères : leur précieux travail pour nous régaler de leur miel, mérite qu’on ne les dérange pas ! Mais elles étaient bien présentes.

Les mouches aussi viennent se nourrir : elles sortent une langue articulée pour récolter le nectar ou le pollen.Voici la drôle  Docyra grandis.

                  Docyra grandis.


Empis probablement tessalata ,qui est carnivore vient ici compléter son régime en cherchant le précieux nectar.

Empis( tessalata)

De nombreux coléoptères se roulent dans le pollen :


  • Cardiophorus biguttattus (Cardiophore à deux taches), commun dans les régions méridionales.
Cardiophorus biguttattus 


  • Divales quadrimaculatus, bien plus petits que je vois pendant tout l’été sur de très nombreuses fleurs.
Divales quadrimaculatus


  • Oedemera nobilis, ici la femelle qui n’a pas les cuisses renflées comme le mâle.
Oedemera nobilis


  • Dans la gamme des insectes de couleur verte vous aurez reconnu le très surprenant Cerocoma schaefferi.
Cerocoma schaefferi


  • Les voraces Oxythyrea funesta ( drap mortuaire) sont présents sur toutes les fleurs !
Oxythyrea funesta ainsi qu'un diptère minuscule


  • De très petits coléoptères les Dermestes  se cachent souvent dans les étamines et s’en régalent sans qu’on soupçonne leur présence.
Dermestes, peut-être Anthrenus agustefasciatus

Plus étonnant cette magnifique chenille d’Orgya trigotephras , dont j’aurais l’occasion de reparler. Avec ces superbes couleurs et cette apparence, impossible de ne pas la voir sur la fleur blanche.
 Chenille Orgya trigotephras.

 De très jeunes sauterelles viennent aussi se restaurer dans ces fleurs tendres.
                                Toute jeune larve de sauterelle

Maintenant ces fleurs très fréquentés par ceux qui viennent s’y nourrir constituent un affût idéal par ceux qui viennent y chasser.

  • Voici lOpilion avec ses grandes pattes.
Opilion


  • Et ici un excellent chasseur ( plutôt une , c’est une femelle) toujours attentive sur les fleurs et y trouvant de quoi se nourrir : Synema globosum, l’araignée au bicorne appelée, araignée Napoléon.
Synema globosum

J’ai passé environ une heure trente dans cet important massif de Cistes. Cela donne une idée de la variété d’insectes qui sont présents. J’y étais l’après –midi; selon le moment de la journée, les rencontres varient, mais ce fut un réel plaisir de voir cette grande variété.


mercredi 4 mai 2016

Spilosoma lubricipeda, oeufs, chenille , imago femelle.(Ecaille tigrée,white Ermine)

En ce matin du 27 avril 2016 j’ai le plaisir de voir un beau papillon tout neuf dans un des bacs où depuis l’automne précédent une chenille s’était transformée en chrysalide.
Spilosoma lubricipeda, l'Ecaille tigrée nouvellement émergée

D’un blanc éclatant avec quelques points noirs épars, il s’agit de Spilosoma lubricipeda, l’ Ecaille tigrée.
Spilosoma lubricipeda, la chenille lors de son avant dernière mue, telle que je l'ai trouvée

L’histoire remonte en octobre 2015 : je trouve le 16 du mois une chenille sur un mur ensoleillé. Mise à l’abri et nourrie de feuilles de pissenlit, elle prospère et mue en une belle chenille bien poilue le 5 novembre. Couverte de poils de couleur brune je pensais reconnaître Diaphora mendica, l’Ecaille mendiante que j’ai déjà élevée et photographiée. Ce n'était pas elle, mais Spilosoma lubricipeda

Un détail me revient en mémoire. J’ai cherché l’étymologie de de lubricipeda et la voici : . "de lubricus, "glissant, mobile" et pes, "pied", ainsi nommée par Goedart parce que sa chenille court avec beaucoup de vitesse". Voir ici
 Et en effet, je me souviens avoir dit à mon mari que je n’avais jamais vu une chenille se déplaçant aussi vite, je l’avais surnommé ma chenille de course !


 
Spilosoma lubricipeda, la chenille lors de sa dernière mue, le long trait rouge sur son dos est caractéristique
Je continue à la nourrir et elle fait sa chrysalide. Hélas je n’ai pas noté la date.
Et ainsi elle a passé décembre, et quasiment les 4 premiers mois de cette année dans une enveloppe brune, légèrement cachée par un cocon fait de ses longs poils.
Spilosoma lubricipeda, le cocon fait avec les longs poils de la chenille

Le cocon, contrairement à d’autres, n’était, ni complet ni bien fait et j’avais peu d’espoir de voir en émerger un papillon.
Spilosoma lubricipeda, l'enveloppe de la chenille, est restée à l'intérieur du cocon. On voit la tête à gauche et les pustules du dos sur lesquels il reste des poils.

Eh bien je me suis trompée, peut –être que les chenilles de l’Ecaille tigrée sont moins méticuleuses que celle de l’Ecaille mendiante !
Spilosoma lubricipeda,chrysalide vide

Mon papillon est une femelle. Pourquoi ? Non pas à cause de quelque détail de ses ailes, mâle et femelle sont semblables, mais tout simplement parce qu’elle a dans l’après- midi, pondu des œufs dans son bac !
Spilosoma lubricipeda, oeuf pondu très rapidement après l'émergence

Elle se différencie de la femelle de  l’Ecaille  mendiante(à revoir ici) par son dos jaune avec de gros points noirs(L’Ecaille mendiante a le dos blanc), mais surtout par la quantité de points blancs sur son aile antérieure.
Spilosoma lubricipeda,  vue dorsale de l'imago


Elle est répandue quasi dans toute l’Europe, sauf dans les régions nordiques  .
Spilosoma lubricipeda, en blanc et noir
On la rencontre de mai à juin, puis de juillet à août.
Spilosoma lubricipeda,  vue ventrale de l'imago, une double rangée de beaux boutons noirs!

 La chenille se nourrit sur diverses plantes basses : plantain, orties, séneçon, mais aussi sur les ronces, les saules. On la trouve jusqu’à 2000m en montagne. Mais dans la journée , elle reste souvent à l'abri dans la végétation.
L'Ecaille tigrée dans toute sa splendeur!